Est-ce une question de choix lié à la praticité, au goût entre les différentes techniques proposées pour l’art pictural, ou une décision basée sur l’idée que peindre à l’huile ne peut être que la signature des vrais artistes peintres ?
Au même titre que le roman de gare – selon certains critiques et autres lecteurs — ne serait pas un véritable roman.
Vous voulez choisir entre peinture à l’huile ou acrylique ?
Que vous soyez débutant, amateur ou professionnel, prenons le temps d’explorer toutes les variables : difficulté, technicité, budget, matériel, étapes…
Un préjugé préalable : l’huile pour les grands peintres et l’acrylique pour les amateurs ?
Il y aurait donc dans ce choix que font certains, cette préférence pour l'huile, une croyance sociale et artistique. L’acrylique, qui ne demande pas autant de connaissances techniques, ne serait, dit-on, que pour les amateurs et les artistes peintres de « second rang ».
Quant à l’huile, avec toutes ces règles, comme celle du « gras sur maigre » ainsi que les processus d’oxydation et de polymérisation avant vernissage définitif et le fait que les grands peintres œuvrant lors des périodes fastueuses de l’art ne juraient que par elle, la hisse au firmament des incontournables. Déterminant ainsi par son prestige — que l’on ne peut néanmoins pas lui retirer — sa suprématie.
Fort heureusement, les choses ont un peu évolué à ce sujet...
De nos jours, des peintres renommés tels que Gary Smith, Marie-Pierre Kuhn, Luis Alvarez Torezano, pour ne citer que certains d’entre eux, utilisent l’acrylique.
C’est un point important pour ceux qui sont sur le point de commencer la peinture, de s’extraire des « clichés » que certains prônent encore, proclamant que le véritable art pictural passe forcément par l’utilisation de l’huile. Que si vous restez accrochés à l’acrylique, rien de bon ne pourra vous arriver.
C’est un dogme qu’il est nécessaire de désacraliser.
Ceci établi, un autre propos bien plus pragmatique vient se poser sur notre table d’études.
Quelles différences entre acrylique et huile sur toile dans les faits concrets ?
Bien sûr, je ne pourrai que développer la réponse en me référant à ma propre expérience relative à mes huiles sur toiles et toiles acryliques.
Quelle marque de peinture choisir ?
Je ne vous surprendrai pas en vous disant que lorsque l’on veut débuter la peinture à l’huile, on se rend compte que celle-ci a un coût plus élevé que l’acrylique, et ce quelle que soit la marque.
Or, qu'il s'agisse de Lefranc Bourgeois — Sennelier — ou Van Gogh, parmi tant d’autres, ces marques sont toutes d’excellente qualité. Vous pouvez commencer par des huiles fines moins onéreuses et lorsque l’expérience sera là tenter des huiles extra-fines.
Pour en quelque sorte optimiser le budget. Ne pas "gaspiller".
Tout le monde s'exerce et apprend avant de parvenir à utiliser la peinture le plus efficacement possible.
Quelle toile utiliser pour peindre ?
Après ce premier matériau vient le choix de la toile. Et pour celle-ci, je vous surprendrai peut-être un peu en affirmant qu’il n’y a pas de toiles spécifiques à l’huile ou à l’acrylique.
Par retour d’expérience, coton ou lin avec différents grains sont parfaitement utilisables et satisfaisants. Tout dépend de ce que vous désirez peindre et de votre "coup de pinceau".
Un seul conseil, que ce soit pour le coton ou le lin. Utiliser du Gesso pour optimiser votre résultat .Le lin est moins absorbant et pourrait se passer d'une telle préparation. Mais le coton qui l'est davantage exige ce premier travail.
Quel est le bon pinceau pour le peintre ?
Quant aux pinceaux à utiliser, qu’ils soient dédiés à l’aquarelle, l’acrylique ou l’huile, à l’achat comme lors de la pratique, pour moi, c’est une affaire de toucher et de ressentis.
Je peins régulièrement des huiles sur toiles avec des pinceaux réservés à l’aquarelle.
Ils sont plus souples et bien moins nerveux.
Par ailleurs, et c’est une évidence, posséder des pinceaux de qualité est préférable et s’avère être un placement bien plus pérenne. Tous les peintres vous le diront, et même le crieront.
Côté prix, les synthétiques sont moins onéreux et offrent de toutes les façons de bons résultat.
Quant aux pinceaux en martre, petit gris ou pures soies, par exemple, ils sont bien plus onéreux, mais c'est un fait, tellement agréables à utiliser.
En résumé : le budget à prévoir pour se lancer dans la peinture
Il ne faut donc pas se voiler la face. Question finances, choisir de débuter la peinture à l’huile ou à l’acrylique, c’est un investissement, quel que soit le matériel en cause.
Même si l’acrylique engage un budget moindre sans aucune équivoque.
Une estimation ?
Pour 200 euros, vous aurez déjà un bel assortiment pour démarrer.
Un coffret de couleurs de bases, 2 ou 3 toiles, quelques couteaux à peindre, 5 ou 6 pinceaux, et vous serez prêt à créer.
Pour moi, la divergence principale, si l'on voulait parler en termes de résultat entre peintures à l'huile et acrylique, concerne la possibilité de « fondre » au mieux les nuances les unes aux autres.
Comme sur un portrait où les tonalités de la peau sont bien plus esthétiques si elles sont graduelles et sans ruptures trop franches. L’huile est ici un matériau préférable.
Car avec l’acrylique il faut faire vite sous peine de ne plus pouvoir aboutir à des dégradés subtils et naturels. Et ainsi être dans l’obligation de poser une couche par-dessus une autre, de « bricoler » sans garantie d’obtenir un résultat satisfaisant.
Faire un fondu à l’acrylique : cela reste possible mais frustrant et moins élégant. L’inconvénient étant que celle-ci sèche rapidement par rapport à l’huile
L’inconvénient étant que l’acrylique sèche rapidement par rapport à l’huile.
Ce qui oblige le peintre à "suivre le mouvement". Caractéristique qui peut être décourageante, notamment lorsque l'on débute dans l’art pictural, ou tout simplement parce que nous ne sommes pas ce peintre qui exécute ses toiles en synchronisme avec les particularités physiques du matériau utilisé.
Pour l’huile, ce phénomène du "séchage" qui correspond plutôt à un durcissement progressif et appelé siccativation peut prendre des jours entiers en fonction de la richesse en huile du produit acheté ou encore parce que vous l’aurez vous-même travaillé.
Cette spécificité de l’huile permet évidemment de toucher, de retoucher, de fondre les couleurs, de les homogénéiser sur votre toile.
En d’autres termes, de jouer, de tester, de perfectionner. Chose impossible sur plusieurs jours avec l’acrylique. Mais si vous êtes de ceux qui exécutent vite, vous trouverez sans nul doute votre bonheur avec celle-ci.
Moralité. Le peintre possède une cadence, la matière qu’il utilise, la sienne.
À lui d’harmoniser personnalité artistique et matéria prima.
Notons aussi que les médiums sont là pour nous aider. Ils sont capables de retarder ou d’accélérerle processus de siccativation de la peinture à l'huile. Au peintre de choisir le sien pour chaque occasion et de l'utiliser à sa convenance.
Et puis, fatalement, arrivent les règles des techniques de peinture, et l’envie de les connaître comme de s’y conformer.
Que souhaitez-vous faire de vos œuvres picturales ? Est-ce un plaisir personnel et qui le restera ou bien vos toiles seront-elles exposées et vendues ?
Le respect des règles : le préalable pour vendre des peintures
Quel public ciblez-vous ? Quelle qualité de travail voulez-vous offrir à vos acheteurs ?
Avec toutes ces questions nous ne sommes plus dans l’art, me direz-vous.
Mais dans le commerce.
C’est un fait. Or, la vente de vos œuvres picturales , si vous excluez la possibilité de garder vos tableaux pour vous-même et décidez de vous proclamer officiellement et légalement artiste peintre, demande un minimum de savoir-faire lié aux connaissances techniques que vous aurez assimilées.
Sans jamais sous-entendre que l’artiste peintre doit impérativement être passé par les beaux-arts ou autres écoles artistiques, il me semble que l’ouvrage de qualité acquis par l’acheteur ne peut résulter que d’un travail qualitatif proposé par l’artiste.
Quelle est la technique de peinture la plus difficile ?
Acrylique : la peinture la plus facile à apprivoiser
Pour l’acrylique, tout est assez simple.
Elle sèche rapidement , certes, comme nous l’avons vu auparavant. Toutefois, vous pouvez additionner les couches comme bon vous plaira après séchage. La diluer à l’eau ou non, utiliser des médiums pour faire des glacis, augmenter la brillance ou obtenir différents effets à l’envie.
Il n’y a pas vraiment de connaissances spécifiques à détenir.
Un conseil pour la peinture acrylique si vous êtes débutant : commencez par des sujets simples, comme des natures mortes.
Pour débuter dans la peinture c’est forcément du pain bénit de savoir que l’on peut accéder au bonheur d’avoir effectué une toile, voire plusieurs, sans avoir eu l'obligation de se plonger dans un « mode d’emploi » susceptible de vous décourager avant même d’avoir commencé.
L’acrylique est reine pour cela.
Contrairement à l'huile.
Les règles à respecter… Le problème majeur de la peinture à l’huile
Avec ce matériau-là, surtout si vous souhaitez vendre et satisfaire un acheteur sur le long terme, il faut suivre des lois.
La règle d’or ou la technique du "gras sur maigre".
Une peinture à l’huile est faite principalement de pigments et d’huile par définition.
Son « séchage » ou siccativation se fait par l’oxydation et la polymérisation.
Ces mécaniques complexes s’opèrent grâce au contact de l’air et demandent un certain temps. Temps variant au gré de la température, de la composition de la peinture elle-même, et plusieurs autres facteurs extérieurs.
Si vous posez une couche moins « grasse » sur une précédente plus riche en huile, vous bloquez ces processus.
Résultat : Des fissures dans votre ouvrage peuvent apparaître lors de l’oxydation ou lorsque votre toile vieillira.
Plutôt ennuyeux pour un produit destiné à la vente.
Avec l’huile c’est ainsi. Chaque couche, qu’il en existe 2 ou bien 10 doit être plus riche en huile que la précédente.
Avantage à cette loi fastidieuse mais appliquée à de nombreuses couches…
Une profondeur de votre œuvre inégalable !
Mélanger de l’acrylique et de l’huile ? C’est possible en observant le même principe. L’acrylique doit toujours précéder l’huile et jamais le contraire.
Vous avez observez tout c'est principe et votre œuvre est terminée ?
Alors, en route pour le point final.
Vernir un tableau.
Pour cette ultime étape et avec l’acrylique, cette fois le temps sera notre allié.
24 heures après avoir posé la dernière touche de peinture, vous pourrez vernir votre tableau sans aucun problème.
A contrario, l’huile vous mettra encore des bâtons dans les roues.
Une période incompressible de six mois voire davantage sera fortement recommandée. Simplement pour s’assurer que la siccativation est achevée. Simplement pour ne pas risquer des craquelures prématurées.
Une alternative cependant. Il existe des vernis à retoucher qui laissent l’air pénétrer les couches de peintures et ainsi permettent au processus de siccativation de se terminer. Elles continueront ainsi à « sécher » et seront protégées par la même occasion.
Nombre d’artistes l’utilisent pour honorer une exposition imminente par exemple.
Médiums, grains de toile… Les autres techniques picturales à considérer
Il serait possible d’ajouter encore de nombreuses règles qui ne sont pour moi que des préférences propres à l’artiste lui-même. Tel ou tel médium, telle ou telle marque de peintures, tel ou tel grain de toiles, telle ou telle subtilité…
Comme le Clair-obscur, sfumato et cangiante, qui sont des techniques picturales créées par des artistes et misent en exergue au fil du temps par diverses institutions académiques.
Encore une fois, l’expérience est certainement la meilleure des guides indépendamment des deux principes inévitables et évoqués ci-dessus.
Mais peut-être en connaissez-vous d’autres ?
Peut-être qu’il existe pour vous des « lois » sans lesquelles votre activité de peintre aurait la saveur de l’insatisfaction ?
Mais alors, en définitive… Peindre à l'huile acrylique ou à l'acrylique ?
Pour débuter, expérimenter, et vivre la peinture avec légèreté, l’acrylique est un bon choix.
Pour les mêmes souhaits, l’huile sur toile est aussi un bon choix.
Néanmoins, plus exigeant, plus onéreux, plus responsabilisant.
Serait-elle plus belle au résultat, plus noble d’utilisation ?
Non. Aucune beauté ni noblesse n’est en question ici. Nous pouvons accéder à des formes de créations artistiques pures ou notre âme s’imprime dans la matière par le biais de l’une ou l’autre.
Ne peut-on pas faire avec un vulgaire sable de sublimes palais ?
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